BAUDELAIRE RENCONTRE VALLOTTON

Felix Vallotton, Soleil couchant dans la brume, 1911, huile sur toile, 54 x 81 cm, Collection privée

Courons vers l’horizon, il est tard, courons vite,
Pour attraper au moins un oblique rayon !


 Let us run to the horizon, it’s late,
Let us run fast, to catch at least a slanting ray!

Charles Baudelaire, « Le coucher du soleil romantique » dans Les Fleurs du Mal, 1857

Que le soleil est beau quand tout frais il se lève,
Comme une explosion nous lançant son bonjour !
– Bienheureux celui-là qui peut avec amour
Saluer son coucher plus glorieux qu’un rêve !

Je me souviens ! J’ai vu tout, fleur, source, sillon,
Se pâmer sous son oeil comme un coeur qui palpite…
Courons vers l’horizon, il est tard, courons vite,
Pour attraper au moins un oblique rayon !

Mais je poursuis en vain le Dieu qui se retire ;
L’irrésistible Nuit établit son empire,
Noire, humide, funeste et pleine de frissons ;

Une odeur de tombeau dans les ténèbres nage,
Et mon pied peureux froisse, au bord du marécage,
Des crapauds imprévus et de froids limaçons.


How beautiful the Sun is when newly risen
He hurls his morning greetings like an explosion!
— Fortunate the one who can lovingly salute
His setting, more glorious than a dream!

I remember!… I have seen all, flower, stream, furrow,
Swoon under his gaze like a palpitating heart…
Let us run to the horizon, it’s late, 
Let us run fast, to catch at least a slanting ray!

But I pursue in vain the sinking god;
Irresistible Night, black, damp, deadly,
Full of shudders, establishes his reign;

The odor of the tomb swims in the shadows
And at the marsh’s edge my timid foot
Treads upon slimy snails and unexpected toads.

Traduction William Aggele

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