Andy Warhol, Marylin, 1967, sérigraphie, 91,5 x 91,5 cm, Collection privée
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.I often have some strange and striking dreams
about an unknown girl, of love we share,
each time the same, each time a different air
about her swirls, who understands it seems.
Paul Verlaine, « Mon rêve familier », 1866
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime
Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon coeur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d’être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse ? – Je l’ignore.
Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L’inflexion des voix chères qui se sont tues.
I often have some strange and striking dreams
about an unknown girl, of love we share,
each time the same, each time a different air
about her swirls, who understands it seems.
She loves and understands me, from her beams
a crystal pure dismissing strife and care.
She, only, eases heart-ache and despair,
soothing pain with tears’ refreshing streams.
She’s blond, brunette, reflecting russet gleams?
I know not, nor her name and voice though fair
and sounding-soft if feels, far off I swear,
like loved ones Life has banished from its schemes.
A statue’s sightless stare, the look she gave.
Voice, – still echo of friends in the grave.