Paul Gauguin, « Arearea »(joyeusetés), 1892, huile sur toile, 75 x 94 cm, Musée d’Orsay, Paris
Au pays parfumé que le soleil caresse,
J’ai connu, sous un dais d’arbres tout empourprés
Et de palmiers d’où pleut sur les yeux la paresse,
Une dame créole aux charmes ignorés.In the perfumed country which the sun caresses,
I knew, under a canopy of crimson trees
And palms from which indolence rains into your eyes,
A Creole lady whose charms were unknown.
Charles Baudelaire, « A une créole » dans Les Fleurs du Mal, 1857
Au pays parfumé que le soleil caresse,
J’ai connu, sous un dais d’arbres tout empourprés
Et de palmiers d’où pleut sur les yeux la paresse,
Une dame créole aux charmes ignorés.
Son teint est pâle et chaud ; la brune enchanteresse
A dans le cou des airs noblement maniérés ;
Grande et svelte en marchant comme une chasseresse,
Son sourire est tranquille et ses yeux assurés.
Si vous alliez, Madame, au vrai pays de gloire,
Sur les bords de la Seine ou de la verte Loire,
Belle digne d’orner les antiques manoirs,
Vous feriez, à l’abri des ombreuses retraites,
Germer mille sonnets dans le coeur des poètes,
Que vos grands yeux rendraient plus soumis que vos noirs.
In the perfumed country which the sun caresses,
I knew, under a canopy of crimson trees
And palms from which indolence rains into your eyes,
A Creole lady whose charms were unknown.
Her complexion is pale and warm; the dark enchantress
Affects a noble air with the movements of her neck.
Tall and slender, she walks like a huntress;
Her smile is calm and her eye confident.
If you went, Madame, to the true land of glory,
On the banks of the Seine or along the green Loire,
Beauty fit to ornament those ancient manors,
You’d make, in the shelter of those shady retreats,
A thousand sonnets grow in the hearts of poets,
Whom your large eyes would make more subject than your slaves.
- Traduction William Aggeler