La Rencontre poétique de Claire Bitaudeau
Jacques Vettriano, Game of life, 2004, huile sur toile, Collection privée
Il n’y a de vrai au monde que de déraisonner d’amour
Alfred de Musset, Acte 3, Scène 4, Il ne faut jurer de rien, 1836
VALENTIN. — Je frissonne de crainte et de joie, car je vais t’ouvrir le fond de mon cœur. Je suis un fou de la plus méchante espèce, quoique, dans ce que je vais t’avouer, il n’y ait qu’à hausser les épaules. Je n’ai fait que jouer, boire et fumer depuis que j’ai mes dents de sagesse. Tu m’as dit que les romans te choquent ; j’en ai beaucoup lu, et des plus mauvais. Il y en a un qu’on nomme Clarisse Harlowe ; je te le donnerai à lire quand tu seras ma femme. Le héros aime une belle fille comme toi, ma chère, et il veut l’épouser, mais auparavant il veut l’éprouver. Il l’enlève et l’emmène à Londres ; après quoi, comme elle résiste, Bedfort arrive… c’est-à-dire Tomlinson, un capitaine… je veux dire Morden… non, je me trompe… Enfin, pour abréger… Lovelace est un sot, et moi aussi, d’avoir voulu suivre son exemple… Dieu soit loué ! tu ne m’as pas compris… je t’aime, je t’épouse : il n’y a de vrai au monde que de déraisonner d’amour.
c’est pour cela qu’on l’appelle:l’amour fou:)