RIMBAUD RENCONTRE MONDRIAN

Piet Mondrian, Tour d’Eglise en Nouvelle Zélande, 1911, huile sur toile, n.c., Collection privée

Oisive jeunesse
A tout asservie,
Par délicatesse
J’ai perdu ma vie.
Ah ! Que le temps vienne
Où les coeurs s’éprennent.


Idle youth
Enslaved to everything,
By being too sensitive
I have wasted my life.
Ah! Let the time come
When hearts are enamoured.

Arthur Rimbaud, « Chanson de la plus haute tour », 1872

Oisive jeunesse
A tout asservie,
Par délicatesse
J’ai perdu ma vie.
Ah ! Que le temps vienne
Où les coeurs s’éprennent.

Je me suis dit : laisse,
Et qu’on ne te voie :
Et sans la promesse
De plus hautes joies.
Que rien ne t’arrête,
Auguste retraite.

J’ai tant fait patience
Qu’à jamais j’oublie ;
Craintes et souffrances
Aux cieux sont parties.
Et la soif malsaine
Obscurcit mes veines.

Ainsi la prairie
A l’oubli livrée,
Grandie, et fleurie
D’encens et d’ivraies
Au bourdon farouche
De cent sales mouches.

Ah ! Mille veuvages
De la si pauvre âme
Qui n’a que l’image
De la Notre-Dame !
Est-ce que l’on prie
La Vierge Marie ?

Oisive jeunesse
A tout asservie,
Par délicatesse
J’ai perdu ma vie.
Ah ! Que le temps vienne
Où les coeurs s’éprennent !


Idle youth
Enslaved to everything,
By being too sensitive
I have wasted my life.
Ah! Let the time come
When hearts are enamoured.

I said to myself: let be,
And let no one see you:
Do without the promise
Of higher joys.
Let nothing delay you,
Majestic retirement.

I have endured so long
That I have forgotten everything;
Fear and suffering
Have flown to the skies.
And morbid thirst
Darkens my veins.

Thus the meadow
Given over to oblivion,
Grown up, and flowering
With frankincense and tares
To the wild buzzing
Of a hundred filthy flies.

Oh! the thousand bereavements
Of the poor soul
Which possesses only the image
Of Our Lady!
Can one pray
To the Virgin Mary?

Idle youth
Enslaved by everything,
By being too sensitive
I have wasted my life.
Ah! Let the time come
When hearts are enamoured!

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