Luigi Russolo, Perfume, 1910, huile sur toile, 45 x 45 cm, Collection privée
J’errais donc, l’oeil rivé sur le pavé vieilli
Quand avec du soleil aux cheveux, dans la rue
Et dans le soir, tu m’es en riant apparueHere I was, wandering, with my eyes riveted on the ancient cobbles
When with sunshine in your hair, in the street,
and in the night, you appeared to me, laughing
Stéphane Mallarmé, « Apparition », 1885
La lune s’attristait. Des séraphins en pleurs
Rêvant, l’archet aux doigts, dans le calme des fleurs
Vaporeuses, tiraient de mourantes violes
De blancs sanglots glissant sur l’azur des corolles.
– C’était le jour béni de ton premier baiser.
Ma songerie aimant à me martyriser
S’enivrait savamment du parfum de tristesse
Que même sans regret et sans déboire laisse
La cueillaison d’un Rêve au coeur qui l’a cueilli.
J’errais donc, l’oeil rivé sur le pavé vieilli
Quand avec du soleil aux cheveux, dans la rue
Et dans le soir, tu m’es en riant apparue
Et j’ai cru voir la fée au chapeau de clarté
Qui jadis sur mes beaux sommeils d’enfant gâté
Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées
Neiger de blancs bouquets d’étoiles parfumées.
The moon was getting sad. Weeping cherubs
were dreaming, bow in hand in the quiet vaporous flowers
Played from their dying viols,
white tears rollied on the sky-blue petals
– That was the sacred day of our first kiss
And I became martyr to my own dreams
which fed on that perfume of sadness
which, even without regrets or mishaps, leaves
picking up a dream to the heart who picked it.
Here I was, wandering, with my eyes riveted on the ancient cobbles
When with sunshine in your hair, in the street,
and in the night, you appeared to me, laughing
And I thought I saw the fairy with a hat of light
That once visited my beautiful spoiled childhood’s slumbers
And from whose half closed hands
Kept snowing in white bunches of scented stars.